~ Le monde des Jeux Vidéo ~
Les débuts de la micro-informatique de loisir ont
connu une floraison de transcriptions, en quelques lignes de basic ou de logo,
damusement pour collégiens : jeu du pendu, othello (appelé aussi reversi),
taquin, tic-tac-toe, anagrammes, etc. La plupart de ces passe-temps sans prétention ont
déserté les ordinateurs et les consoles
pour revenir en force, avec des graphismes
soignés, sur des ordinateurs réputés sérieux comme le Macintosh ou le PC, en
environnement Windows. Des centaines de petits logiciels (puzzles, jeux dadresse ou
desprit) peu encombrants sur le disque dur, vite joués, meublent les temps morts
des cadres stressés ou momentanément désuvrés. Leur succès tient à des règles
rapidement assimilées qui contrastent généralement avec la concentration quils
exigent en contrepartie. Au jeu de café se substitue le jeu de pause-café.
Pendant des années, les informaticiens avaient
considéré la programmation dun jeu déchecs comme une tache illusoire en
raison du nombre colossal des déplacement permis : 64 cases autorisent en effet 1043
positions, et les 10 premiers coups dune partie peuvent
théoriquement être joués denviron 17x1019 manières.
Grâce à des algorithmes sophistiqués, le programme réduit la scrutation des cases aux
coups rentables, doù un temps de calcul acceptable. Une option fixe, sur de
nombreux logiciels, le temps de réflexion de la machine sur celui du joueur.
Lanalyse des coups est moins profonde. Il existe aussi une option
" infini " qui, si elle a été sélectionnée, examinera des
centaines de milliers de coups. Il peut sécouler plusieurs heures avant que le
logiciel donne la réponse. Il existe deux sortes de programmes déchecs :
Ceux qui sont intégrés à des ordinateurs déchecs montés à demeure sur un véritable échiquier. Ces machines dépourvues décrans graphiques ne sauraient être considérées comme des jeux vidéo à part entière.
Ceux qui sont destinés à être installés sur des micro-ordinateurs ou lus par des consoles. Ils reproduisent un échiquier, en deux dimensions et en 3D isométrique, sur un écran. Le joueur déplace les pièces au clavier, ou mieux en les faisant glisser à laide dune souris, ou bien en indiquant, en cliquant sur une pièce puis sur une case, lemplacement où elle doit se rendre.
La puissance du logiciel est évaluée
daprès léchelle ELO, qui est utilisée depuis longtemps pour déterminer la
force dun joueur. Les capacités danalyse de lordinateur, qui sont par
ailleurs tributaires de la configuration de lordinateur (type de puissance du
microprocesseur, rapidité et taille de mémoire) risquent de ce fait dêtre
hâtivement assimilées à une forme dintelligence.
The Complete Chess System édité par Oxford Softworks obtient 2243 points dans le
système de classement anglais ELO, ce qui le place nettement au-dessus dun joueur
moyen (1400 points) mais en deçà dun maître de niveau international (2350
points).
La plupart des éditeurs de jeux déchecs informatiques ne développent pas eux-mêmes les algorithmes, ils les achètent à des sociétés spécialisées. Oxford Softworks a par exemple fourni le cur de Battle Chess édité par Interplay, qui a habillé le programme déchecs avec des graphismes et des animations. Dans Battle Chess en loccurrence, les pièces se battent réellement entre elles, usant de leur armes et de pouvoirs magiques. La reine se déplace en faisant onduler sa cape bordée dhermine et jette des sorts, les tours se transforment en monstres de pierre ou en robots qui se déplacent dans un bruit assourdissant. Une option affichant le jeu en 2D permet aux amateurs désireux de jouer avec les pièces classiques de se confronter à lordinateur sans être déconcentrés par laspect récréatif des animations. Tous les logiciels autorisent un mode " supervision " destiné aux débutants : lordinateur se contente de veiller à ce quaucun des joueurs ne transgresse les règles. Il indique aussi, pour chaque pièce, les déplacements envisageables.
Les jeux déchecs informatisés sont désormais dotés de bibliothèques douverture : la base de données de The ChessMaster (SoftWare ToolWorks) contient 75 000 coups, celle de Battle Chess 4000 (InterPlay) plus de 300000. La version sur CD-ROM de the ChessMaster 3000 commente les coups à voix haute et permet de rejouer et danalyser 150 parties célèbres. Parce que les échecs font appel à lintelligence pure, linformatisation de cette activité éminemment cérébrale na pas manqué des susciter des interrogations. Elle a entraîné dailleurs des comparaisons entre les capacités supposées de lordinateur et celle des joueurs émérites. Et ceci avec la crainte diffuse de voir un jour la machine lemporter sur lHomme.
Lordinateur capable de mettre un champion du monde en difficulté nest pas un micro-ordinateur mais Deep Though (pensée profonde), un super calculateur installé à luniversité Carnegie Mellon de Pittsburgh (États-Unis) et financé par la firme IBM. Deep Though à été programmé par lingénieur dorigine Taiwanaise, Feng Hsiung Hsu, qui sétait entouré des conseils dun grand maître américain dorigine russe Maxim Dlugy, lun des meilleurs joueurs de parties blitz (jeu en cinq minutes). Deep Though, dont la force est estimé à 2650 points ELO, " réfléchit " à la vitesse de 5 millions de coups par seconde. Les micro-ordinateurs suivent loin derrière : un programme déchecs élaboré par deux chercheurs français, Jean Christophe Weil et Marc François Baudot , tournant sur un PC 486 cadencé à 66 MHz, avait atteint la vitesse de 15 000 coups par seconde.
Les jeux de dames, le jeu de go, le mah-jong ont
fait lobjet de nombreuses adaptations.
Citons par exemple :
Dames Grand Maître (Cobra Soft), Go Simulator (Infogrames) ou Hong Kong Mah-Jong Pro
(Electronic Arts)
La plupart des jeux de société, le Monopoly, le Scrabble, Trivial Pursuit, et bien dautres encore existent en version informatisée. Il sagit généralement dune transposition fidèle du jeu original, lordinateur remplacent les partenaires qui font défaut au joueur. Les jeux de cartes, du bridge au rami sont disponibles soit dans le domaine public, soit en shareware ou dans les compilations de petits jeux sous Windows ou pour Macintosh.
Quantité de jeux fort originaux font appel à lintelligence logique, un terrain de prédilection pour lordinateur. Ils exploitent plusieurs thèmes indiqués ci-après.
Les apparentements
Ces jeux sont fondés sur lidentification de
figures semblables : positionnement de dalles frappées du même symbole dans Ishido,
the Way of Stone édité par lAméricain Accolade, sélection de deux jetons
semblables prélevés sur un tas dans Shanghai II (Electronic Arts). Polygones que
lon retourne par paires dans Swap (Microïds) afin de faire disparaître tous ceux
qui sont à la fois contigus et de la même couleur. Dans Puzznic (Ocean), des éléments
identiques se détruisent mutuellement sils sont empilés.
Sevrant Colores, conçus par léquipe russe Gamos et édité par Infogrames, est
constitué de dizaines de petites pyramides teintées en sept couleurs. Le jeu consiste à
attribuer une couleur à lune de ces pyramides : elle amalgame aussitôt toutes
les figures contiguës ayant la même couleur. Le gagnant est celui dont la couleur occupe
plus de la moitié de la surface.
Les mécanismes
Dans Revelation, de Krisalis, le joueur fait coïncider la couleur dune flèche avec celle dune pastille transportée par un jeu complexe dengrenages. Si deux pastilles dune même couleur se retrouvent vis-à-vis, elles se repoussent, déplaçant les roues dentées en sens opposé, ce qui déstructure immanquablement lensemble du jeu.
Logical, édité par l'Allemand Rainbow Arts, est constitué de roues en marbre dans lesquelles ont été ménagés quatre réceptacles. Des biles colorées sont acheminées par un réseau de rainures. Il sagit, en tournant les roues, d'envoyer les billes dans les bonnes directions, sachant que les réceptacles de chaque roue doivent recevoir quatre billes de même couleur.
Pipemania (Empire) oblige le joueur à rabouter des tuyaux en cliquant avec promptitude dans un stock déléments (segments, courbes, croisements) afin de canaliser un fluide qui coule inexorablement. Chaque partie est extrêmement rapide, quelques dizaines de secondes tout au plus qui mettent les nerfs à rude épreuve. Pipemania a donné naissance à une kyrielle de logiciels du même genre.
Boulder Dash (First Star Software) est constitué de blocs de pierre empilés quun petit personnage doit déplacer pour avancer et récupérer les cristaux nécessaires à l'ouverture de la porte de fin de niveau. Certaines actions bloquent le passage au risque de lenfermer, dautres libèrent des blocs qui peuvent lécraser aussitôt.
Le joueur de Mindbeenders (Gremlin) oriente des gnomes qui tiennent de grands miroirs. Ceux-ci devient un rayon énergétique qui allume ou éteint des ampoules, ouvre ou ferme des vannes. Au terme dun circuit fort compliqué, le rayon doit frapper, pour les éliminer, un certain nombre de chaudrons magiques, ceci dans un temps imparti. La logique binaire qui préside dans Mindbenders se retrouve dans Booly, un jeu édité par Loricel : sur lécran salignent des objets (ampoules allumées ou éteintes, angelots et diablotins) que le joueur doit ramener dans un état unique, sachant que des liens invisibles agissent à distance sur certaines pièces. Le jeu compte 150 niveaux : les derniers sont ternaires, ce qui relève la difficulté du jeu.
Les labyrinthes
Présents dans dinnombrables jeux daction (Wolfenstein 3D), daventure (Quest of Glory) ou de rôle (Bloodwich, Knightmare, Might and Magic), le labyrinthe est un thème récurrent du Jeu Vidéo. Les jeux de réflexion ne lui ont pas accordé la même splendeur graphique que dans les titres précités. Le petit personnage de Chips Challenge, édité par US Gold, rencontre sur son chemin des dalles mobiles quil déplace judicieusement. Des interrupteurs bloquent pendant un moment des tapis roulants, des monstres le traquent, des téléporteurs lemportent vers lun ou lautre des 143 niveaux.
La liste des jeux de réflexion est loin dêtre exhaustive. Elle serait néanmoins incomplète si lon omettait de citer deux jeux qui ont durablement innové le genre : Tétris et Lemmings.
Vendu à plus de 30 millions dexemplaires, Tétris fut créé sur un ordinateur Electronica 60 de fabrication soviétique par Alexey Pajitnov, chercheur au Centre informatique de lacadémie des sciences de lU.R.S.S, et adapté sur PC par un étudiant de 16 ans, Vadim Gerasimov. Tétris brille par sa simplicité : des éléments géométriques formés par quatre carrés diversement accolés tombent du haut de lécran. Le joueur dirige leur chute, les fait pivoter au besoin afin quils s'empilent sans laisser aucun interstice. Chaque ligne continue ainsi formée disparaît aussitôt. Autrement, les lignes incomplètes subsistent et les pièces sérigent en tas. Si elles arrivent au plafond, la partie est terminée. Chaque niveau se caractérise par une vitesse de chute accrue.
La concession des droits de Tétris fut à
lorigine dune âpre bataille juridique qui opposa les éditeurs dAtari
Games, Mirrorsoft (qui était une filiale du groupe Maxwell), Nintendo, Sega, Spectrum,
Holobyte et Tengen, ladministration soviétique arbitrant le conflit. Pour la petite
histoire, le jeu dont la version sur Game Boy rapporta près de deux milliards de dollars
à Nintendo, ne valut à son auteur que le don à titre personnel, fait par
lAcadémie des Sciences de lU.R.S.S,
dun PC taiwanais flambant neuf.
Le succès de Tétris fut considérable. Il inspira une grande quantité de variantes dont
Block Out, un jeu en trois dimensions édité par California Dreams. Block Out manipule
des volumes qui tombent au fond dune boîte. Un étage entièrement comblé
disparaît.
Crée en 1991 par léditeur britannique Psygnosis, Lemmings met en scène une centaine de ces minuscules petits rongeurs que leur instinct grégaire mène inéluctablement à leur perte. Simulant des moutons de Panurge, ils cheminent en effet droit devant eux au risque de disparaître dans une crevasse ou de périr noyés. Le jeu se déroule au long de plusieurs dizaines de tableaux. Le joueur attribue des taches à des rongeurs choisis dans la foule : le bloqueur empêchera la colonie de marcher à sa perte, des mineurs creuseront un passage à travers murs et planchers, les lemmings portant des briques construiront des ponts. Le joueur doit éviter les situations bloquées, attribuer des taches en temps utile car le nombre daffectations est très limité. Dans Lemmings II, ce ne sont pas moins de cinquante tâches que le joueur peut attribuer à ces petites bêtes.
Doit-on aussi parler des petits vers roses qui ont
rampé sur nos moniteurs et hantés nos nuits ?
Non, je ne crois pas. Ou sinon, tant pis pour vous.