~ Histoire des Jeux Vidéo ~
Les
célèbres Jeux Vidéo dans le détail
NOM : PONG
ÉDITEUR : Atari
AUTEUR : Nolan Bushnell
SUPPORT : Arcade, Console
ANNÉE : 1972
PRIX : 1 Franc les trois parties
L'ancêtre de tous les Jeux Vidéo date de 1972.
Bien qu'il ait été le premier jeu à connaître une véritable existence commerciale,
Pong n'était pas la première tentative dans ce domaine. En fait, depuis le début des
années soixante, une dizaine d'équipes au moins, dispersées sur tout le territoire
américain, essayaient de mettre à la portée du grand public les jeux sur ordinateurs
qui faisaient fureur sur les campus high Tech. Et oui ! Les premiers babas, fans du
Grateful Dead et des Beach Boys, s'éclataient déjà dans des versions computerisées des
combats spatiaux ; ça s'appelait Space War, c'était attaché au nom de Steve Russell, un
étudiant du MIT, et ça tournait sur une machine à plusieurs centaines de milliers de
dollars. Déjà, des banquiers clairvoyants s'intéressaient à l'affaire, car l'idée de
faire jouer les enfants à ce genre de jeu promettait des millions de dollars de
bénéfices. Bon, en attendant, on était encore dans les années 60, les ordinateurs
avaient la puissance d'une calculatrice programmable d'aujourd'hui, tenaient dans une
grande pièce et avaient besoin d'une réfrigération constante. Les ingénieurs mis sur
le coup avaient beau chercher et les banquiers leur promettre la lune, à cette époque
encore inviolée, ils n'y arrivaient tout simplement pas. Trop chères, peu fiables, trop
grosses, trop compliquées, les premières machines finirent toutes à la poubelle.
Et puis vint Nolan Bushnell. Et Pong.
Bushnell était un ingénieur américain typique du début des années 70 : barbu, poilu,
débraillé, fort en gueule... et tout simplement génial. Lui aussi s'attaquait à la
grande uvre d'être le premier à mettre au point un "Space War" grand
public, et lui aussi n'avançait pas. Il eût l'idée de décomposer le problème en
petits bouts, et l'un d'entre eux était l'interface : comment les gens allaient-ils
jouer, c'est-à-dire diriger leur vaisseau ? Une équipe proposa de tester l'idée d'une
simple molette rotative (c'est solide et c'est simple à fabriquer) et pour cela
développa un programme idiot tout juste destiné à tester la molette : un rectangle à
droite de l'écran (la "raquette") renverrait un petit carré (la
"balle") vers un trait (le "mur") à gauche de l'écran. On testa le
dispositif au sein de la petite équipe d'illuminés qu'avait réuni Bushnell, et là,
surprise, au lieu de parler de la molette, les premiers utilisateurs se passionnèrent
pour... le jeu. Enfin un truc simple et amusant. Dans l'enthousiasme, on construisit une
première machine pour le bar d'à côté, avec une fente pour les pièces (piquée du
flipper), et on attendit le verdict du marché.
Le premier jour fut une cruelle déception : une pièce s'était coincée dans la fente.
Mais la suite fut phénoménale et appartient désormais à l'Histoire : une industrie
était née. Pong fut un succès immédiat, aux États-Unis, dans les bars et les salles
de jeux, puis bientôt sur toute la planète, menant la vie dure aux flippers. La firme de
Nolan Bushnell, "Syzygy" fut bientôt rebaptisée "Atari" et sous ce
nom devint la star industrielle des années 75-83.
Pong était un programme ultra simple, tenant dans quelques dizaines d'instructions. Il
fut décliné en version à deux ou à quatre joueurs, et sur son principe on prétendit
même proposer des jeux de tennis, de pelote basque, de basket et même de football. Sa
carrière en salle d'arcade s'étendit sur toutes les années soixante-dix, mais il
culmina vers 1974 pour se démoder rapidement ensuite. En revanche, grâce à l'argent
gagné sur "Pong" Atari parvint à mettre au point une des premières consoles
vraiment grand public et le titre connut une seconde carrière, de 1976 à 1979, au sein
des foyers cette fois-ci.
NOM : BREAK OUT
ÉDITEUR: Atari
AUTEURS: Steve JOBS et Steve Wozniak
SUPPORTS : Atari ST, Apple II
GENRE: Casse-briques
ANNÉE : 1976
Break Out (casse-briques) est fondateur à plus d'un titre : il peut être considéré comme le premier Jeu Vidéo qui s'affranchit de tout référentiel et c'est le jeu créé par les deux compères qui inventeront l'Apple et fonderont la société du même nom. Les tous premiers jeux développés dans les laboratoires de recherches américains, (Space War est l'exemple le plus connu) faisaient référence à l'univers spatial et s'inscrivaient, même si c'était de manière ludique, dans un des domaines réservés des informaticiens et chercheurs des années 60 : la conquête de l'espace. Pong, lui, faisait semblant d'être un jeu de tennis. Break Out, lors de la sortie, est radicalement "nouveau". Ses créateurs se sont détachés de tous les univers ludiques connus pour explorer une voie nouvelle qui repose essentiellement sur les réflexes des joueurs, voie dans laquelle s'engouffreront les créateurs de Pac Man, de Q Bert et bien évidemment Alexei Pajitnov pour son Tetris. Dans Break Out, il faut en effet utiliser les rebonds d'une balle, renvoyée par une "raquette", petit trait horizontal que le joueur déplace à l'aide d'une molette, pour détruire les briques composant un mur.
A qui appartient la paternité de Break Out ? Selon certains (Nolan Bushnell le premier), l'idée reviendrait à Nolan Bushnell qui, en manque d'ingénieurs réellement performants, aurait fait appel à un jeune hippie en quête d'illumination, Steve Jobs, pour développer le jeu. Jobs, recruté par Atari par le biais d'une petite annonce alléchante ("gagnez votre vie en jouant") aurait relevé le défi de Bushnell : programmer en un temps record un jeu dont ses ingénieurs disaient qu'il faudrait des mois pour le créer. Il est vrai que Steve Jobs avait un joker caché en la personne de son meilleur ami, Steve Wozniak, le programmeur génial qui concevra l'Apple I et qui mettra, toujours selon la légende, quatre nuits pour créer Break Out. Selon d'autres sources, c'est Jobs qui aurait eu l'idée du jeu et aurait fait appel à son copain Wozniak pour programmer ce jeu, le tout sous la houlette de Al Alcorn, le développeur de Pong. En tout cas, selon Nolan Bushnell, Steve Jobs était plus préoccupé par la quête d'illumination spirituelle que par la création de Break Out. A peine le jeu terminé, Jobs aurait demandé à Nolan Bushnell de lui payer un billet d'avion pour l'Inde. Objectif : rencontrer un vrai gourou. Bushnell, ému mais pragmatique, proposa alors à Steve Jobs d'aller régler un problème pour Atari en Europe. Bénéfice pour Steve Jobs : la moitié du voyage vers l'Inde était payée. Jobs accepta, trouva l'argent pour prolonger son voyage en Inde et là encore, nul ne sait exactement ce qui se passa. Trouva-t-il ou non l'illumination ? Lui seul pourrait répondre. La seule chose dont on soit sûr, c'est que de retour aux États-Unis, il quitta Atari et fonda, avec son ami Wozniak, Apple. (Pour la petite histoire, notons que Bushnell avait refusé l'idée de développer un ordinateur personnel, tout en aiguillant les deux jeunes entrepreneurs vers des financiers susceptibles d'être intéressés par leur projet). Quant à Break Out, sa sortie sur machines d'arcade fut un succès. Comme dans Pong, les joueurs appréciaient la simplicité extrême de la règle du jeu et adoraient l'espèce de transe qui, peu à peu, s'emparait d'eux au fur et mesure que le rythme de rebond des balles s'accélérait et que le mur de brique se réduisait, transe que connaissent bien ceux qui, plus près de nous, plongent avec délice dans des parties acharnées de Tetris
NOM : SPACE INVADERS
ÉDITEUR : Bally Midway (Arcade), Atari (Console)
ANNÉE : 1978 (Arcade)
Space Invaders fait partie du panthéon mythique des débuts des Jeux Vidéo. Après Pong et avant Pac Man. C'est le premier jeu intergalactique de l'histoire ludique.
Le triomphe public
A sa sortie sur borne d'arcade en 1978, le jeu est pris d'assaut, tant et si bien que les
machines sortent progressivement des célèbres et immenses salles dont elles portent le
nom pour envahir les bars, salons de thé, épiceries, jusqu'aux garages et
stations-service. Les flippers sont balayés, relégués dans le fond des salles, ainsi
même que les éventuels autres jeux électroniques, pour laisser la place à des pans de
murs entièrement occupés par des Space Invaders. En 1982, on recense au Japon plus de
350 000 bornes installées, soit une pour 330 habitants ! La pièce de cent Yens utilisée
dans les machines en vient à manquer au niveau national, c'est dire dans quelle mesure le
public se rue sur les monnayeurs.
Le marché du jeu vidéo n'a pas encore décollé : depuis Pong, on ne trouve guère que
Gunfight (1975) ou encore Sea Wolf pour entretenir la passion des joueurs. Avec Space
Invaders, un chiffre d'affaire annuel atteignant le milliard est atteint par Midway, la
société éditrice, qui réitérera l'exploit avec le célèbre Pac Man.
Combats intergalactiques
Quand sort Space Invaders, son thème est bien dans l'air du temps. Georges Lucas a offert
au public en 1977 La Guerre des Etoiles, premier film de la saga culte des Stars Wars. Les
Jeux Vidéo surfent sur la vague et on note, pèle-mêle, la sortie de Missil Command,
d'Asteroids, de Defender et de Galaxian, qui s'inspirent tous du combat contre les aliens,
terme tout neuf qu'on emploie pour la première fois pour désigner toute entité
extra-terrestre. Space Invaders est donc en 1978 le pionnier d'un type de jeu, qui touche
tout particulièrement le public masculin, au contraire du Pac Man ou de Tetris qui
séduiront aussi les femmes.
Le principe du jeu est simple. Il s'agit d'éviter à des rangées d'envahisseurs
d'atteindre le bas de l'écran et d'éviter leurs bombes. Pour ce faire, le joueur
manuvre un vaisseau se déplaçant latéralement, armé d'un laser. L'ennemi est en
perpétuel mouvement, mais surtout, sa vitesse de déplacement croît à mesure que le
temps passe. L'intelligence artificielle gérant l'activité ennemie est, bien
qu'embryonnaire, assez efficace ; les mouvements que l'on effectue sont analysés par la
machine qui réagit de manière toujours différente. Il faut dire que Space Invaders est
l'un des tout premiers jeux à utiliser la technique du microprocesseur. De niveau en
niveau, la difficulté s'accroît avec toujours plus d'appareils ennemis à éliminer,
d'une rapidité de plus en plus grande.
De la salle au salon
Le fait de ne pouvoir jouer qu'en solitaire est une des particularités inhérentes à
Space Invaders version arcade, et le principe qui pousse à jouer et à rejouer, c'est
celui du "Hi-score" ou du "Hall of fame", c'est-à-dire d'inscrire son
nom dans la liste des records de la machine (comme pour les flippers), records publics qui
restent affichés à l'écran lorsque personne ne joue. Le passage à la console
personnelle entraîne des conséquences diverses. Le fait de jouer devient d'abord
illimité dans le temps puisque gratuit, et se pratique chez soi, sur son écran de
télé,
ce qui lui fait perdre son côté "exceptionnel".
C'est finalement la même différence que l'on peut constater entre cinéma et vidéo.
En étant adapté pour la console Atari VCS 2600, Space Invaders s'enrichit de nouvelles
caractéristiques, tout en conservant ses attributs de base. En premier lieu, ce sont 112
variantes qui sont proposées, combinant des actions variées comme les boucliers qui se
déplacent, ou encore les bombes qui zigzaguent. La possibilité de jouer à deux est
également au programme des nouveautés, en alternant les tirs ou encore partageant les
actions entre les deux joueurs (le premier déplace le vaisseau tandis que le second gère
les tirs). Ce partage des tâches est assez novateur et permet d'envisager des modes de
jeux rompant radicalement avec les traditionnelles comparaisons de "scores à
battre" entre un joueur et un autre.
Des supports infiniment variés
On ne pourrait dénombrer avec exactitude la quantité considérable de clones ayant été
produits à partir du concept de Space Invaders. Tous les supports ont été utilisés,
dont beaucoup utilisant la technologie des cristaux liquides (LCD). A l'époque de sa
sortie, on trouve des avatars de Space Invaders, plus ou moins réussis, en jeu de poche,
sur calculatrice, avec une fonction de montre
Il va de soi que les différentes
versions sont parfois très éloignées de l'original, mais tant que la mission à
accomplir reste la destruction de hordes d'aliens, cela reste du Space Invaders, aux yeux
du grand public en tout cas.
Un de ses successeurs "officiels", Galaxian n'a remporté qu'un succès modéré
malgré des effets visuels et sonores particulièrement soignés.