~ Histoire des Jeux Vidéo ~
Le marché des consoles explose, la
micro-informatique entre dans les foyers et les premières polémiques sur ce
"drôle" de loisir s'engagent. Le géant européen n'arrivera jamais, toutefois,
à rattraper Atari et ses jeux extraordinaires. D'autant plus qu'Atari a désormais
derrière lui la puissante compagnie cinématographique américaine : Warner. Nolan
Bushnell, le fondateur d'Atari, a bien négocié la vente de sa compagnie à la Warner, en
réalisant, au passage, un assez coquet bénéfice : il avait investi 250 000 dollars (1
250 000 francs) pour créer Atari. Il a revendu sa société à Warner pour 28 millions de
dollars.
Bénéfice : environ 139 millions de francs !
A l'aube des années 1980, les consoles explosent, génèrent des millions, puis des
milliards de dollars. Des fortunes se créent, on s'arrache des "hits", tout
comme dans l'industrie du disque, et des auteurs, qui deviennent parfois de véritables
stars, apparaissent...
L'Apple II commence cependant à séduire des passionnés, amateurs de jeux d'aventure ou
de simulation, inexistants sur les consoles. Mais il reste très cher et réservé, en
Europe, à un petit nombre de passionnés, prêts à tout sacrifier pour acquérir la
machine mythique.
La micro-informatique va réellement entrer dans les foyers grâce à un homme : Clive
Sinclair. Il développe le ZX 80 en neuf mois seulement et commence à le vendre par
correspondance en mars 1980. La machine coûtait alors 99 livres (moins de 1000 francs) et
pouvait se brancher sur un simple téléviseur. Un magnétophone à cassette permettait
d'enregistrer ou de lire ses programmes. Le succès fut immédiat. Mais non content
d'ouvrir la micro-informatique aux étudiants et lycéens peu fortunés, Sinclair va
donner également une chance formidable à des passionnés qui vont créer leurs premiers
jeux et les commercialiser. La création de jeux, jusqu'alors réservée aux Américains
ou aux Japonais, devient enfin européenne. Au début des années 1980, un véritable
domaine est en train de se constituer, avec ses éditeurs, ses créateurs, ses journaux,
ses émissions de télévision, ses jeux stars, souvent issus des studios de création
nippons. Mais si les Japonais s'imposent de plus en plus comme des créateurs de génie,
ils sont encore dépassés par les Américains sur le front du matériel. Nintendo a
pourtant développé en 1977, associé à Mitsubishi, la Color TV Game 6 mais sans grand
succès tandis qu'Atari réalise un chiffre d'affaires de 2 milliards de dollars en 1982,
soit la moitié du chiffre de la Warner.
Frein à ce succès, de nombreuses polémiques
naissent sur ce nouveau mode de divertissement, qui semblerait affecté certains joueurs
épileptiques. Mais ni les joueurs, ni les créateurs ne se laissent démonter par des
accusations qu'ils savent non fondées et, en 1981, un nouveau héros apparaît : Donkey
Kong,
qui met en scène un petit plombier moustachu du nom de Mario...
Côté micro, les MSX, soutenus par les plus
grands industriels, Sony et Microsoft en tête, n'arrivent pas à percer aux Etats-Unis ou
en Europe. Les consoles sont encore les favorites des joueurs. L'heure est à l'euphorie
et d'autres grands noms du jouet ou de la communication se jettent dans la bagarre. Mattel
lance l'Intellivision aux jeux beaucoup plus beaux que ceux de l'Atari 2600 mais aux
"paddles" impossibles. CBS lance la Colecovision,
et ses premiers jeux en pseudo 3D, comme Q Bert ou Zaxxon.
En Europe, le ZX 80 ou ZX 81 se vendent à des
millions d'exemplaires. Le Premier ministre japonais, monsieur Suzuki, ulcéré par un tel
succès et ne comprenant décidément pas pourquoi ses MSX ne se vendent pas, demande à
Margaret Thatcher, sous couvert d'entente cordiale, de lui faire une démonstration
personnelle. Sans grand effet apparemment...
Au début des années 1980, les Américains sont les maîtres tout-puissants des consoles
et la Grande-Bretagne domine nettement la scène de la micro-informatique européenne avec
les Spectrum, Oric, Lynx, Dragon, etc. La France, de son côté, lance la gamme des TO
avec leur clavier épouvantable et leur crayon optique magique... Mais la multinationale
française a bien du mal à imposer sa machine face à des micros autrement plus
séduisants. Tous ces micro-ordinateurs sont bien sûr incompatibles entre eux. Cet
inconvénient aura néanmoins un effet bénéfique sur l'industrie du soft européen car
il faudra créer des gammes entières de produits spécifiques. Loriciels, Infogrames,
Ocean, Ere Informatique, Cobrasoft, Domark, Gremlin, et bien d'autres, vont profiter de ce
formidable engouement. Côté console, un dernier géant, Milton Bradley, tente à son
tour d'entrer dans la bagarre avec sa Vectrex. La console est originale mais, hélas, il
est trop tard.
Si, sur le front de la micro, la bataille fait rage entre les constructeurs, du côté des
consoles, tout va mal. En un an, de 1983 à 1984, l'industrie du jeu vidéo passe de 3
milliards de dollars à 100 millions de chiffre d'affaires. C'est le crash. Des millions
de jeux sont passés au pilon ou enterrés dans des déserts perdus. Des milliers
d'employés se retrouvent à la rue. L'indice Dow Jones vacille...
Denis Friedman, producteur et éditeur de jeu, travaillait aux Etats-Unis à l'époque :
"Ca s'est passé de manière extrêmement rapide, c'est sûrement le crash le
plus impressionnant qui ait jamais touché un marché grand public. Du jour au lendemain,
plus rien ne se vendait. Pourquoi cette chute brutale ? Tout simplement parce que les
micro-ordinateurs ont tué les consoles de jeu."